Voilà plusieurs années que Pix the Cat se prélasse au sein des locaux parisiens de Pastagames, le temps de se reposer après sa bondissante escapade dans Pix'n Love Rush. Notre matou s'était alors montré plutôt délicat à apprivoiser sur les supports tactiles, jusqu'à prendre certains amateurs de plateforme rétro carrément à rebrousse poil. Pix parviendra-t-il à les amadouer avec cet hommage ronronnant à l'arcade, à moins qu'il n'en profite pour vraiment sortir ses griffes, histoire de mettre tout le monde d'accord ?
Dans le sillage des précédentes oeuvres mitonnées par Pastagames, la recette de Pix the Cat tient en quelques lignes : Il s'agit de ramasser des oeufs au sein de niveaux labyrinthiques, un peu comme Pac-Man gobe des pac-gommes, la porte de sortie ne s'ouvrant qu'une fois les canetons déposés dans certaines cases au passage, façon ChuChu Rocket!. Car les oisillons ainsi recueillis suivent notre chaton à la queue leu leu, qu'il faut d'ailleurs veiller à ne pas se mordre, à l'image de Snake. Ces manoeuvres requièrent donc de la dextérité et de l'anticipation, des facultés d'autant plus essentielles que l'objectif se résume à réaliser le meilleur score possible avant la fin du temps imparti. Évidemment, les performances dépendent d'un système de combo, dont la jauge joue plus ou moins le rôle de barre de santé dans le mode arcade. Point de vies limitées ni de game over ici, en revanche les rêves de gloire s'envolent aussi rapidement que les pioupious à la moindre erreur, synonyme de rétrogradation du multiplicateur. Et s'il est assez facile de s'occuper des oeufs un par un, en rassembler l'intégralité avant de les relâcher pour obtenir un "perfect" s'avère autrement plus délicat. Surtout que la vitesse des déplacements augmente à mesure que l'on enchaîne les sauvetages, jusqu'à passer mode "fever" !
Ninchat Combo
Cet état de semi-invincibilité permet de se débarrasser des ennemis d'un bon coup de boule, avec des points bonus à la clé. L'accélération progressive de la musique en parallèle rend cette course au score encore plus frénétique, tandis que les couleurs des décors se font de plus en plus chaudes. S'y ajoute l'architecture des dédales, imbriqués les uns dans les autres tels des tableaux gigognes, de sorte que l'expérience s'apparente à une vertigineuse mise en abîme, quitte à parfois poser des petits problèmes de lisibilité. En somme, Pix the Cat constitue un vrai trip, à la fois rétro et moderne, ce qui s'applique pour chacune de ses composantes, à commencer par ses graphismes. Les pixels de cette bonne vieille 2D s'effacent sous le lissage de la HD et de multiples effets rutilants, un style résolument high-tech illustré par l'affichage en négatif du mode fever. Idem pour les mélodies, les chip-tunes s'accompagnant de sonorités électroniques sensiblement plus sophistiquées. Enfin le gameplay a priori très carré cache certaines finesses dans ses moustaches, notamment la possibilité de se faufiler le long des parois pour gagner du temps et remplir la jauge de combo un poil plus vite.
Un chat retombe toujours sur son pad
Bien entendu, de telles prouesses n'auraient pas été réalisables sans l'usage de la croix de direction (oubliez le joystick), seul outil à même de répondre aux exigences de précision de Pix the Cat, n'en déplaise aux aficionados du tactile. En plus de réflexes dignes des félins et d'un oeil de lynx, ces manoeuvres nécessitent une bonne mémoire, puisque les trois plats de ce festin d'arcade demeurent identiques d'une partie à l'autre, hormis quelques inversions anecdotiques. En clair, la quête du gros score suppose d'apprendre par coeur la structure des niveaux, y compris l'emplacement des issues. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, pour ne pas dire franchement lassant quand on n'appartient pas à l'espèce des affolés du scoring. Heureusement, l'intérêt perdure grâce aux plats du jour, une succession de niveaux certes moins peaufinés en terme de level-design, mais qui relancent régulièrement le challenge, a fortiori avec les classements en ligne. En outre, le menu comporte de savoureuses variations de la formule, le tout assujetti à divers défis aux récompenses plus ou moins anecdotiques (croquis, morceaux et voix alternatives entre autres).
Nostalgie réfléchie
Contrairement aux apparences, le mode Nostalgia ne se limite pas à sa palette en noir et blanc doublée d'un aspect granuleux. Au delà d'un clin d'oeil à Felix le Chat et aux dessins animés d'antan - orchestration vintage à l'appui - cette déclinaison se focalise sur la collecte des oeufs pour revisiter la recette de l'omelette sous toutes ses formes. Ces épreuves fort malicieuses demandent par exemple de contrôler de plusieurs minous simultanément, d'emprunter des trous de téléportation ou de foncer dans des espaces confinés. Le mode Laboratoire engendre moins de pression, en se concentrant sur la facette cérébrale de Pix. Il consiste en effet à terminer des puzzles avec un minimum de manipulations, ce qui conduit à explorer les mécaniques du gameplay en détail. Cette approche plus posée se révèle particulièrement adaptée à la PS Vita, un atout de poids, car en dépit de la centaine de stages proposés pour chacun de ces modes, ce cru portable est privé de mode multijoueur. Pastagames l'explique par des contraintes de budget, de délai, et par la propension restreinte des possesseurs de la machine à s'affronter via ce support, a fortiori compte tenu de l'équipement requis. Un argument discutable, le cross-buy ne suffisant pas à consoler ceux qui ne disposeraient pas de PS4. Toutefois le studio ne ferme pas la porte à un DLC par la suite, si la communauté miaule suffisamment fort. Amoureux des chats, vous savez donc ce qu'il vous reste à faire.